mardi 13 juin 2017

Le nouvel exécutif a-t-il un problème avec la liberté de la presse ?

Après la tentative de pression de François Bayrou sur Radio France et la plainte du ministère du Travail à la suite de la publication de documents dans «Libération», une vingtaine de sociétés de journalistes, dont celle des JT de M6, s'alarment de «signaux extrêmement préoccupants».

 
Le nouvel exécutif a-t-il un problème avec la liberté de la presse ? Le 18 mai, nous nous étions inquiétés de la façon dont l’Elysée organisait le voyage au Mali du président de la République, en sélectionnant les journalistes chargés de couvrir ce déplacement. Pas question d’«imposer» des choix aux rédactions, fut-il alors répondu. Or la semaine dernière, ce sont cette fois deux ministres qui ont envoyé des signaux extrêmement préoccupants, quant à la manière dont ils conçoivent l’indépendance des médias et la protection des sources, ou plutôt leurs limites.

Mercredi 7 juin, quelques heures avant la diffusion par France Inter de révélations sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires européens au Modem, François Bayrou, président de ce parti et surtout garde des Sceaux, a appelé en personne le directeur de la cellule investigation de Radio France pour se plaindre de prétendues «méthodes inquisitrices», ajoutant qu’il étudiait, avec ses avocats, la possibilité d’une qualification de «harcèlement»… Interrogé à ce sujet par Mediapart, il a eu cette réponse qui laisse pantois : «Ce n’est pas le ministre de la Justice ni le président du Modem qui a appelé, c’est le citoyen» !

Vendredi 9 juin, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé que son administration avait porté plainte contre X pour «vol, violation du secret professionnel et recel» après la publication, deux jours auparavant dans Libération, de documents listant les pistes étudiées par son ministère pour préparer la future réforme du code du travail. Une procédure qui permet d’attaquer aussi bien les sources de Libération que le quotidien lui-même.

Ces deux événements, particulièrement inquiétants, ne sont pas les seuls motifs de préoccupation. Le 11 mai, En marche, le mouvement d’Emmanuel Macron, a porté plainte contre la lettre d’information spécialisée la Lettre A pour «recel d’atteinte à un système de traitement automatisé de données», après un article s’appuyant sur des éléments tirés des «MacronLeaks». Et ce dimanche 11 juin au soir, Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires et candidat d’En marche aux élections législatives dans le Finistère, a relégué au rang d’«efforts méritoires» des journalistes contre sa personne les investigations sur l’attribution d’un marché de location à sa compagne par les Mutuelles de Bretagne, lorsqu’il en était le directeur général.

Face à la liberté d’informer, le nouvel exécutif fait le choix de la tentative de pression, de la répression judiciaire et du procès d’intention. «Continuez à nous irriter, car elle est là, la liberté», lançait le même Richard Ferrand le 3 mai à la Maison des journalistes à Paris, lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Nous continuerons, à n’en pas douter. Parce qu’informer le public est un devoir autant qu’un droit, et parce qu’une presse libre et indépendante est essentielle à la démocratie.


 

Premiers signataires :
Les sociétés des journalistes de l’AFP, Alternatives économiques, BFM TV, les Echos, Europe 1, l’Express, France 2, Rédaction nationale de France 3, l'Humanité, Libération, les JT de M6, Mediapart, le Monde, l’Obs, le Point, Premières Lignes Télévision, Radio France, RFI, RMC, RTL, Télérama, la Vie et les rédactions du Bondy Blog, Dream Way Production, LaTeleLibre.

jeudi 18 mai 2017

Couverture des voyages de M. Macron

La SDJ de M6 a décidé de s'associer au communiqué de Libération intitulé : 
"Monsieur le Président, il n'appartient pas à l'Elysée de choisir les journalistes."

http://www.liberation.fr/france/2017/05/18/monsieur-le-president-il-n-appartient-pas-a-l-elysee-de-choisir-les-journalistes_1570485


Une vingtaine de sociétés des journalistes de médias nationaux, dont celle de «Libé», et des directeurs de rédactions s'inquiètent de l'organisation de la communication présidentielle, à l'occasion du déplacement d'Emmanuel Macron au Mali.


Monsieur le Président,

Vous effectuez demain votre premier déplacement de chef d’Etat au Mali. Avant votre décollage, nous souhaitons vous transmettre nos inquiétudes quant à l’organisation de la communication présidentielle qui est en train de se mettre en place depuis votre entrée en fonction.
Pour des raisons de place ou de sécurité, nous comprenons la nécessité de constituer des pools de journalistes – parfois, et à condition que toutes les rédactions y aient accès selon un roulement établi. En revanche, il n’appartient en AUCUN CAS à l’Elysée de choisir ceux d’entre nous qui ont le droit ou non de couvrir un déplacement, quel qu’en soit le thème (défense, diplomatie, économie, éducation, social...). Ce n’est pas au président de la République, ou à ses services, de décider du fonctionnement interne des rédactions, du choix de leurs traitements et de leurs regards. Ce choix relève des directions des rédactions et des journalistes qui les composent, qu’ils soient permanents ou pigistes, JRI ou reporters, photographes ou dessinateurs.
Aucun de vos prédécesseurs ne s’est prêté à ce genre de système, au nom du respect de la liberté de la presse. Alors que la défiance pèse de plus en plus sur l’information, choisir celui ou celle qui rendra compte de vos déplacements ajoute à la confusion entre communication et journalisme, et nuit à la démocratie.

 

Premiers signataires :

Les sociétés des journalistes de l’AFP, BFM TV, Les Echos, Europe 1, Le Figaro, France 2, Rédaction nationale de France 3, France 24, France Culture, France Info, France Inter, Le JDD, L'Humanité, LCI, Libération, les JT de M6, Mediapart, Le Monde, Le Parisien, Le Point, RFI, RMC, RTL, Télérama, TF1, La Vie, et les rédactions d'Abaca Press, LaTeleLibre, Radio Nova
Le collectif Informer n'est pas un délit
La Fédération française des agences de presse (FFAP)
Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières
Philippe Antoine, directeur de la rédaction de RMC
Jean-Philippe Baille, directeur de la rédaction de RTL
Alexis Brézet, directeur de la rédaction du Figaro
Frédéric Barreyre, directeur de la rédaction de France Culture
Luc Bronner, directeur de la rédaction du MondeMatthieu Croissandeau, directeur de la rédaction de l'ObsCécile Dehesdin, rédactrice en chef de Buzzfeed France
Guillaume Dubois, directeur de L’ExpressNassira El Moaddem, directrice du Bondy Blog
Michel Field, directeur de l'information de France Télévisions
Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de France Inter
Johan Hufnagel, directeur des éditions de LibérationPierre Jacquemain, rédacteur en chef de RegardsLaurent Joffrin, directeur de la publication de LibérationEric Kervellec, directeur de la rédaction de France Info
John Paul Lepers, directeur de LaTéléLibre
Edwy Plenel, directeur de Mediapart

dimanche 30 avril 2017

Présidentielle 2017 : des SDJ dénoncent « l’entrave à la liberté » d’informer par le FN

Les sociétés de journalistes de plusieurs médias (presse, radio, télévision) dont la SDJ des JT de M6, protestent dans un communiqué commun contre la décision du Front national de « choisir les médias autorisés à suivre Marine Le Pen ».

Voici le communiqué publié sur lemonde.fr :

« A l’occasion de la campagne pour le second tour de l’élection présidentielle, le Front national a décidé de choisir les médias qui sont autorisés à suivre Marine Le Pen. Plusieurs titres de presse ont ainsi vu leur représentant tenu à l’écart de toute information et de toute possibilité de suivi sur le terrain de la candidate du Front national. Ainsi, après Mediapart et Quotidien (et avant lui Le Petit Journal), l’AFP, Radio France, RFI, France 24, Le Monde, Libération et Marianne, notamment ont été à un moment ou à un autre victimes de ces exclusives. Il ne s’agit donc en rien d’un recours à la pratique du “pool” de journalistes où les informations et images sont partagées.

Nous protestons de la manière la plus ferme qui soit contre cette entrave à la liberté de faire notre métier et de remplir notre devoir d’informer.

Il n’appartient pas à une formation politique, quelle qu’elle soit, de décider des médias habilités à exercer leur rôle démocratique dans notre société. »

Les SDJ de l’AEF, AFP, Alternatives Economiques, BFM-TV, Capa, Les Echos, Elle, Europe 1, L’Express, Le Figaro, France 2, Rédaction nationale de France 3, France 24, France Bleu, France Culture, France Info, France Inter, L’Humanité, Libération, Journal du Dimanche, M6, Marianne, Mediapart, Le Monde, L’Obs, Le Point, Premières Lignes, Public Sénat, Quotidien, RFI, RMC, RTL, Télérama, LaTéléLibre, TF1, La Vie soit 36 SDJ ainsi que les élus du SNJ-CGT et de la CFDT du conseil de rédaction de La Voix du Nord et le Collectif « Informer n’est pas un délit » (INPD).