Proposition de loi Sécurité globale : la liberté
d’informer attaquée lors du rassemblement pour le droit à l’information
Les organisations signataires de l’appel au rassemblement contre
la proposition de loi (PPL) Sécurité globale se félicitent du succès de la mobilisation à Paris et dans
toute la France. Elles dénoncent
avec fermeté les violences et menaces à l’encontre de journalistes, commises
par des forces de l’ordre à la fin de ce rassemblement pacifique.
Mobilisation
citoyenne de grande ampleur
Alors que le Parlement a débuté l’examen de la proposition de loi
Sécurité globale, plusieurs milliers de personnes se sont également rassemblées
dans de nombreuses villes en France pour dénoncer les atteintes à la liberté
d’informer et de manifester, et la volonté manifeste d’une surveillance
globalisée des citoyens.
Ces divers rassemblements ont mobilisé en peu de temps malgré la
situation sanitaire. Cela démontre l’étendue des inquiétudes face aux risques
de reculs majeurs des libertés publiques
contenus dans la PPL. Ces craintes ont été exprimées par des syndicats, des
sociétés, des associations et des collectifs de journalistes et de réalisateurs
de documentaires, mais aussi des collectifs de familles victimes de violences
policières, des associations de défense des libertés, des citoyens, des
parlementaires de différentes couleurs politiques. Elles trouvent écho dans les
alertes respectivement prononcées par le
Défenseur des Droits, la Commission Consultative des droits de l’homme, ainsi
que les rapporteurs spéciaux des droits de l’Homme de l’ONU.
Atteintes à
la liberté d’informer à Paris...
Ce succès populaire a malheureusement été terni par ce que nous
avons dénoncé, ensemble, lors des différents rassemblements. Ainsi, des atteintes à la liberté
d’informer ont été commises par des membres des forces de l’ordre en fin de
rassemblement à Paris. Un policier a donné l'ordre de quitter les lieux à
des journalistes sous peine de les arrêter pour participation à un attroupement
(1).
Tangi
Kermarrec, journaliste à France 3 Ile-de-France, et Hannah Nelson, journaliste pigiste au média
Taranis News, ont été interpellés, violemment pour cette dernière, et
placés en garde-à-vue pour participation à un attroupement après sommation et
dissimulation du visage ! En pleine pandémie de Covid et alors qu’un tel délit
est contraire au droit international !
Au moins six reporters
d’image ont également été pris pour cible. Trois d’entre eux ont subi des
violences, notamment des coups de matraque. Deux autres ont été menacés
d’interpellation et empêchés de faire leur travail d'information, sous prétexte
selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qu'ils ne se seraient pas
accrédités auprès de la préfecture avant de couvrir une manifestation sur la
voie publique. Deux observateurs de
l'Observatoire parisien des libertés publiques (portant une chasuble Ligue
des droits de l'Homme et un casque siglé LDH et SAF) ont également reçu des coups.
... et en
régions
A Bayonne,
un photojournaliste de Mediabask a été menacé par des forces de l'ordre
alors qu'il couvrait une manifestation contre la PPL Sécurité globale. A Toulouse, un journaliste a également été
pris à partie par un CRS alors qu'il lui montrait sa carte de presse.
La dispersion du rassemblement de Paris été décidée en vertu du
nouveau Schéma national de maintien de
l'ordre (SNMO), qui s'appuie sur la loi contre les attroupements de 2012.
Pour le SNMO, les requérants (des syndicats de journalistes et la LDH), dont le
juge des référés n'a pas estimé l'urgence, vont au fond devant le Conseil d'Etat pour le contester.
Dans le même temps, certains
syndicats de policiers ont mené des attaques de cyberharcèlement sur les
réseaux sociaux contre plusieurs journalistes.
Nous, signataires de ce texte, dénonçons avec fermeté ces agressions honteuses contre la liberté de la
presse et plus généralement contre la liberté d'informer le public, et
témoignons notre entière solidarité envers les journalistes et les observateurs
citoyens pris pour cible, de manière gratuite.
Ces
attaques renforcent notre détermination à combattre les dérives liberticides
contenues dans cette proposition de loi.
Rassemblement
ce samedi à 14h30 à Paris
Nous donnons rendez-vous à tou.te.s les citoyen.ne.s soucieuses
des libertés publiques et républicaines, ce
samedi 21 novembre à 14 h 30, à Paris, sur le parvis des droits de l’Homme,
place du Trocadéro, comme dans de nombreuses autres villes.
Paris, le 18 novembre 2020.
Signataires
SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes, SGJ-FO - LDH - Collectif REC
(Reporters en Colère) - Rédaction de là-bas si j'y suis - Association de la
presse judiciaire - la Société des réalisateurs de films (SRF) - la Guilde des
auteurs-réalisateurs de reportages et de documentaires (Garrd) - Rédaction de L’Humanité
- SDJ du MédiaTV - Profession: Pigiste - Union des Clubs de la presse de
France et francophones - Acrimed - Collectif La Meute - Reporterre - Mr
Mondialisation - Macadam Press - Divergence Image - le Groupe 25 Images -
Société des rédacteurs du Monde - SDJ France 3 National - Collectif OEIL -
Société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL) - SDR Europe 1 -
SDJ de France 3 National - SDJ de Challenges - SDJ de Télérama - SDJ Médiapart
- SDJ France Inter - SDJ France Info (radio)- SDJ France 2, SDJ Les Echos, SDJ
AFP, SDJ BFMTV, SDJ Paris Match - Attac – Amnesty International France (et dans
l’attente de nouvelles signatures) – SDR du Monde – SDJ du Figaro – SDJ du
Point – SDR de l’Obs – Société du personnel de l’Humanité – SDJ de RFI – SDJ de
20 minutes – SDJ de M6 – SDJ du JDD – SDJ de Challenges – SDJ du
Parisien/Aujourd’hui en France – SDJ de France culture – Société civile de Sud
Ouest – SDJ de l’Express – SDJ de Premières lignes – SDJ de la Tribune – SDJ de
Courrier international – SDJ de la Vir – SDJ de RTL – SDJ de Franceinfo.fr
(1) Le juge des référés du
Conseil d'Etat a rappelé dans sa décision la plus récente (27 octobre
2020, n°444876) : "l'article 431-4 du code pénal doit, sauf à méconnaître
l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et
les stipulations de l'article 10 de la convention européenne de sauvegarde des
droits de l'homme et des libertés fondamentales, être interprété comme excluant
les journalistes de son champ d'application". Il en est de même d'ailleurs
des observateurs indépendants et identifiables (juge des référés du Conseil
d'Etat, 27 octobre 2020, n°445369).
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